Bons baisers d'Helsinki

lundi 30 mars 2009

Hérisson, étrangers et crêpes

Mercredi, la moitié « international » de mon comité de ma guilde organisait une visite d’Helsinki. Moi j’ai moyennement organisé, vu que je ne connais pas vraiment la ville. Je me suis occupé de tenter de motiver des gens à venir. « Oui oui, ça a l’air sympa je viendrai ». Mon œil. Au final il y avait deux personnes. Oui deux, plus nous trois organisateurs. Bandes de flemmards ! Et puis Timo et Heli, malgré qu’ils soient du coin, ont la très finlandaise tendance à tout trouver complètement ennuyeux. Blasés ! Mais au final on avait préparé un chemin avec des choses à voir, et on s’est baladés pendant presque trois heures dans le froid. Le programme :

- Bus de Otaniemi à Kamppi, le centre du centre-ville.

- Marcher jusqu’à Temppeliaukion Kirkko, une église ronde enterrée dans la roche complètement belle. Le grand-père de Heli a participé à la construction, donc c’est la grande classe.

- Puis on s’est baladés dans le quartier de Töölö, pour revenir sur Mannerheimintie, grand boulevard qui traverse la ville, au niveau de Eduskunta talo, le parlement finlandais.

- Puis direction le nord, en passant le long de Finlandia talo, une grande sale de concert, puis en marchant sur l’eau de Töölönlahti. C’est là que le temps s’est gâté en quelques minutes, passant de grand soleil à vent et neige. Au milieu du lac, il faisait frisquet. Et froid, en fait. Les moins quelques degrés passent beaucoup mieux avec le soleil. Étrangement.

- Plus haut, c’est l’opéra d’Helsinki, et encore plus haut, le stade olympique, et sa tour du haut de laquelle on a une vue impressionnante sur les environs. Les environs très loin, même, vu comme le pays est plat. On devinait même un bout d’Otaniemi, au-delà de la baie et des îles. Une fois congelés, le soleil est revenu, et le plan était de prendre le tramway pour faire un gros bout de chemin, et c’est donc ce que nous avons fait. C’est une ligne qui fait un 8, et qui nous a baladés dans les quartiers de Kallio, Hakaniemi, Kruununhaka, le centre, Kaivopuisto (le parc au tout au sud de la ville), et remonté jusqu’au port « sud » (bien que ce ne soit pas le plus au sud…). Là on est descendus pour éviter de boucler, et on a donc vu le port, le palais présidentiel (tout rikiki), la cathédrale orthodoxe Uspenski.

- Et enfin, direction le centre à nouveau, le long de Aleksanterinkatu, grande rue commerçante. Elle passe à côté de la place du sénat, où trône l’impressionnante cathédrale d’Helsinki, aux côtés du sénat et du bâtiment principal de l’université d’Helsinki.

Maintenant vous pouvez tout relire avec mes photos sous les yeux, un plan, ou encore plus joli, des photos aériennes comme sur http://kartat.eniro.fi/ (« kopterinäkymä »).

Le lendemain soir, il y avait Ulkositsit, soit le sitsit pour les extérieurs. L’autre moitié de mon comité a invité des gens de pleins de guildes de un peu partout en Finlande, plus 60 personnes de SIK, tout ça à Smökki. J’avais pour ma part réussi à convaincre plusieurs étrangers à venir, donc on avait une table animée. Cela dit, le sitsit était pas le meilleur de tous les temps (malgré le chœur qui a chanté) parce que tous les invités ont fait des discours, offert des cadeaux, raconté des blagues à tour de rôle, chanté leurs chansons locales, et c’était trèèès long. La suite au sauna était chouette, et ça faisait longtemps que je n’étais pas allé au sauna, alors c’était d’autant mieux. Et puis rencontrer des gens d’autres milieux c’est intéressant aussi. Un regard neuf sur les choses qui désormais paraissent naturelles. Et le truc amusant, c’est que comme il y avait des gens qui venaient de très loin, les organisateurs ont pas trop osé les mettre dehors, donc ça a duré jusqu’à 6h du matin, alors que la plupart du temps, à une heure tout le monde est chez soi. Le truc encore plus amusant c’est que le lendemain matin j’avais des devoirs à faire. Oh yeah.

Et last but not least, le mystico-mythique samedi après-midi crêpes ! J’avais invité plein de gens à venir se goinfrer dans la plus grande tradition centralienne, et ça a été un succès monstrueux. Autant de gens dans mon appartement, à manger boire et s’amuser au lieu d’être tout seul dans sa chambre à regarder la télé, ça fait plaisir. Au plus fort de la soirée on était une bonne douzaine. Il a même fallu déplacer mon canapé dans la cuisine pour que tout le monde puisse s’asseoir. Et puis tout le monde s’est essayé (avec plus ou moins de succès) à faire des crêpes. Et à prononcer « crêpes », aussi. Et on a même dû demander à Juulia d’amener du lait avec elle pour pouvoir refaire une fournée de pâte. En tout on a utilisé 1 kg de farine, 12 œufs, 2 litres de lait et le reste je ne le compte même pas, ça fait trop peur (sucre, confiture, miel, chantilly, crème…). Au final, j’ai ingéré plus de sucre en une soirée qu’en un an, mais c’était vraiment super. Je pense que je vais réitérer un de ces jours. Possiblement avec autre chose que des crêpes. On a émis l’idée que chacun amène quelque chose de son pays (classique, mais tellement miam !). Bref, à voir.

Et le encore plus mieux, c’est qu’il restait de la pâte. Donc dimanche soir, j’ai mangé des crêpes devant la télé.

Ah, et pourquoi un hérisson ? C’est la première chose que l’on a vu à l’arrêt de bus pour partir à Helsinki. Un hérisson tout mignon qui se dandinait là où la neige avait fondu. Magique.

Le bonheur est fait de simples choses…

mercredi 25 mars 2009

Hiver, ô mon hiver...

Et voilà, l'hiver passe. Est presque passé. Depuis ma dernière entrée, presque deux mois se sont écoulés, riches en rebondissements, mais aussi en moments ennuyeux et quelconques. Passons donc les moments quelconques.

Morceaux choisis.

Talvipäivä : le jour de l'hiver. Plein de teekkarit en haalarit qui font pleins de trucs idiots dans la neige. Sur la glace. Sous la neige. Et autres. Je n'étais pas là (ah, études, études...), mais je suis allé aux diverses fêtes le soir, sauna entre autres, et ça avait l'air épique. Ici, on aime l'hiver.

Sitsit international. Comme je suis plus ou moins chargé d'aider et d'occuper nos membres étrangers, nous avons organisé un sitsit pour eux. Il était tenu par les membres de la guilde chargés de la culture teekkari, et servi par ceux chargés de... servir, mais l'organisation était notre. C'était très chouette, surtout que j'ai fait plein de choses : motiver des gens à venir, faire une partie du miam, aller chercher les gens qui ne trouvaient pas l'endroit, gérer l'entrée, compter les sous, m'amuser, tout ça. Et Maria, qui tenait mon poste l'année dernière, m'a passé le flambeau ce soir là, vu que je n'étais pas au "voyage de changement de guilde" qui tombait avant mon avion... Elle m'a offert, comme le veut la tradition, quelque chose de Finlande (Koskenkorva) quelque chose que les finlandais croient français (des sortes de smarties qui effectivement sont tout sauf français), et une vidéo "culturelle" sur la vie en Finlande. L'année prochaine je ferai de même avec le ou la suivante. Ensuite il y avait une fête à Smökki, complètement indépendante de nous, mais qui nous a bien été utile comme après-fête.

Great World Tour sitsit. 5 guildes de l'université (nous, les mécanos, chimistes, bio-info, et les derniers je sais plus), chacune avec un thème (Afrique, Asie, Océanie, Amérique du Nord, Amérique du Sud). Déguisez-vous, soyez fous. Ah, ça a pas raté. J'ai rarement vu une foule aussi déchaînée. Les déguisements étaient variés et pour certains, très recherchés. On a eu des dictateurs, des tigres, des éléphants, des sauvages, des indiens, des Cléopatres (wahou), des surfeurs, des cheerleeders, et beaucoup beaucoup de fun. Et un sauna, pour la route.

Important. J'ai acheté des patins à glace, en solde 19 au lieu de 69 euros. Et ils sont biens. Et depuis je suis allé patiner tous les week-ends. Et ça c'est bien. Et patiner, j'aime. Notamment le lendemain de mon achat (voir cause et effet), SIK on ice. Une guilde, une patinoire, quelques gadins, et surtout, beaucoup de grâce. Oui oui. Je suis même allé patiner sur la mer. Et ça, ça c'est la classe. Sur la mer ! Et sinon je suis allé plusieurs fois à la patinoire, avec des gens qui viennent plus ou moins de pays où la glace ça n'existe pas. Drôle.

Semaine PoTa. PoTa c'est l'abréviation d'un truc en Finnois qui veut dire (je crois) différence de potentiel (mais quelle bande de gros geeks...) C'est la grosse soirée annuelle de la guilde. Ça coûte 70 euros, et il faut être fringué comme un pape (je trouvais déjà que pour les sitsits ils étaient franchement classe, mais alors là ils sortent l'artillerie lourde). Bon ben sans moi, surtout que c'est plein d'anciens, plein de discours sur la gloire éternelle de notre guilde, plein de rituels étranges, plein de traditions auxquelles je n'aurais rien compris de toutes façons. Mais c'est l'occasion d'avoir une semaine de festivités, autour du samedi soir fatidique. Un sauna pré-PoTa en pyjamas, plusieurs après-fêtes étalées sur plusieurs jours, et un conclusif sauna "remords" pour s'en vouloir et digérer sa gueule de bois en groupe. Mais le plus marrant, c'était Øhlhäfv, compétition de vitesse de buvage de bière, pour laquelle vient spécifiquement une équipe de l'université de Chalmers, Göteborg, Suède. Catégories bouteille, demi-litre, litre, et l'épreuve par équipe (une bouteille, deux demis, et un litre). Et il y a eu des équipes de un (45 secondes). Record litre : 3 secondes et des gouttelettes. Ah, ça vaut le spectacle. Détail qui tue : la bière est tiède, pour avoir plus de pression, et faire moins mal en passant. No comment.

Soirée jeux de société. Pas grand chose à dire, c'était amusant. Et y'avait un sauna.

Nuit du cinéma. Tennispalatsi, multiplex géant au centre d'Helsinki, fêtait ses 10 ans, ou 5, ou 20 (peu importe) et faisait la nuit des films à 1 euros. Toute la nuit, à partir de minuit. Donc un euro au lieu de 7,50 c'est bien. Donc j'y ai passé la nuit avec mes amis indiens. C'était bondé, mais du coup c'était assez chouette d'être mêlé à la population "normale" (entendre : pas étudiants en technologie). Des gens normaux, dans un lieu normal, pour une nuit anormale, c'était bien. Bolt (Volt en VF) en vraie 3D (avec lunettes spéciales et tout), complètement bien. The wrestler, complètement bien. La panthère rose 2, complètement dormi. Pour un euro, j'ai dormi dans un siège confortable et au chaud. Pas beaucoup d'hôtels aussi bon marché ! Mais vraiment, ce film est une insulte à à peu près tout, dont la langue française, le cinéma, la musique, la France tout court, et les spectateurs. Au petit matin de retour à Otaniemi, quand ça caillait à mort et qu'on était bien fatigués, on a pu voir quelques personnes aller à un sitsit. Oui, le matin. Y'en a un dans l'année. Le concept, c'est simple : manger (du petit-déjeuner), chanter, boire comme dans un sitsit, mais en pyjama. Et à 8 heures. Aller hein, skål !

(NB : "skål" c'est du suédois, mais à cause du passé commun et tumultueux de la Suède et de la Finlande, beaucoup de chansons à boire sont en Suédois, d'où le trinquage en Suédois à peu près aussi souvent qu'en Finnois ("kippis") lors des sitsits)

Fort heureusement, je n'étais pas inscrit, et je suis aller trinquer dans mon lit.

En vrac : quelques sorties café / balade entre amis à Helsinki. Ma nouvelle lessive sent tellement bon que des fois dans la journée je tombe en arrêt et je me demande "oah y'a un truc qui sent super bon ici", et je réalise que c'est moi.

Et encore : semaine d'examens, faut bien hein. Cinq examens, deux à l'arrache, mais grâce à Centrale, je suis très fort en examens à l'arrache (un d'entre eux impliquait la lecture d'un bouquin de 900 pages en deux jours. 900 pages imbitables sur... je suis pas trop certain, mais ce qui est sûr c'est que c'était du pipeau). Au final, j'ai tout gagné hein, parce que au fond c'est pas un secret, je suis une grosse pougne.

(NB : quand le vocabulaire de Centrale ressort, c'est que j'use et j'abuse de l'Anglais tous les jours, et que parfois ça fait du bien de m'exprimer sans avoir á réfléchir...)

NESU-sitsit : après l'effort, le réconfort, la semaine dernière mon comité de la guilde était invité à un sitsit chez nos cousins (éloignés) des écoles/universités de business/gestion, ainsi que l'étaient nos meilleurs ennemis mécanos, et d'autres comme des futurs avocats et médecins. Les traditions là-bas sont similaires à celles de nous autres teekkarit, avec de grosses différences. Par exemple, ils ne se taisent pas pendant les discours des autres, ils mangent quand ils veulent, et par contre il est interdit de sortir de table sauf pendant les pauses, où là tout le monde sort de table, fait la queue pour les toilettes, et va même se déhancher sur la piste de danse pendant que les plats suivants arrivent. Il y a des punitions pour les hors la loi (ce soir là ils ont eu à monter une sorte de représentation), et globalement c'est le souk dix fois plus que chez nous. Mais les clichés (bien fondés) d'écoles de business étant les mêmes ici qu'en France, il y avait beaucoup de filles, aucune de laide, et les mecs sont globalement des abrutis... Comme de par hasard... Et le placement était fixe (et aléatoire), donc je me suis retrouvé en (charmante) compagnie de parfait(e)s inconnu(e)s. Il faut tout de même voir aussi le bon côté des choses (en plus de "charmante" compagnie), les étudiants en commerce parlent beaucoup plus naturellement Anglais, et je ne me suis pas ennuyé une seconde. Ce qui n'est pas toujours le cas avec mes chers matheux.

Bowling : hier. Pour nouer un peu les liens avec les autres membres de mon comité, nous sommes allés au bowling ce soir. J'ai été mauvais, mais c'était amusant. Et on a mangé chinois. Et manger, c'est bien.

Maintenant : ben rien, le présent est déjà le passé, et demain je me lève tôt... Enfin 8h30, quoi. Récemment, "tôt" ça veut dire avant l'heure de manger. Et manger, c'est bien.

(NB à moi même : le comique de répétition, c'est drôle que si on en abuse pas)

Retard rattrapé. Ouf ! Enjoy, et n'oubliez pas d'aller voir les photos, j'en ajoute de temps en temps.

À l'année prochaine...

Il faut savoir que depuis le début des chutes de neige, il y a de la neige partout. Elle ne fond pas, contrairement aux trois flocons ridicules qu'on a généralement en France. Comme je l'ai dit plus tôt, il y a toute une activité liée à la gestion des chutes de neige : les routes sont dégagées, les trottoirs damés et couverts de gravier (pas de sel ni de sable ici, non). Et comme il neige régulièrement, partout où ce n'est pas de la route ou du trottoir, ça s'accumule, et c'est beau. Quand le ciel est couvert, il y a une luminosité incroyable, comme si tout autour de soi brillait. En plein jour, le ciel gris est exactement de la couleur du sol, et les bâtiments et arbres semblent flotter au milieu d'un nuage. On se croirait - avec un peu d'imagination, et j'en ai - dans un monde fantastique en noir et blanc, où la lumière ne montre pas les choses, mais l'absence de choses. Les objets qui nous environnent, arbres, rochers, graviers, voitures, même les poubelles prennent une allure fantomatique, flottante. Ils sont dessinés en vide sur une immensité blanche, pleine et omniprésente. Et la neige a ça de beau qu'elle absorbe les sons différemment. Tout est plus doux et cotonneux. Le murmure distant de la ville prend une résonance différente. Selon la qualité de la neige du jour, les pas ne sonnent pas pareil. Il y a la neige croustillante, si il a fait chaud hier, mais regelé cette nuit, et qui semble nous porter un moment, puis dans laquelle on s'enfonce jusqu'aux chevilles. La neige fraîche qui s'affaisse par à-coups et dont la vibration remonte le long de la jambe. La neige tassée, élastique, dans laquelle on voit presque à l'oeil nu le son se propager loin loin. La neige sucre-glace, tellement fine que l'on ne sent que la route dessous. La neige venteuse, et son tintement délicat sur les fenêtres d'une salle de cours, ou sur le tissu synthétique d'un manteau, et qui file sur la glace comme du sable sur une dune. Le soir, les lampadaires la colorent en rose, et les rues du campus semblent être tirées d'un village de vacances artificiel, ou un décor de cinéma fait réalité. Les arbres, les voitures, les toits sont couverts et brillent dans la nuit. Le calme est apaisant. À travers les arbres omniprésents, on ne voit pas la différence entre le sol, la mer qui nous entoure et que nous surmontons, le ciel gigantesque qui nous englobe et que nous admirons. La neige recouvre tout et efface les limites. La route, le trottoir, la forêt dans laquelle ils sont creusés, la mer. Tout est couvert, et les anciens chemins n'ont plus lieu d'être. Certains éléments familiers du décor ont disparu. Toutes les pistes sont hors-piste et cette nouvelle liberté est exaltante. Naviguer à travers bois, marcher où personne n'a marché avant. Gravir les reliefs auparavant inaccessibles. Découvrir de nouveaux endroits, quand on croyait tout connaître. Et recommencer à chaque fois que les flocons tombent à nouveau, effaçant toutes les traces de nos futiles cheminements. Et l'air froid est si bon. Il sent l'hiver, il porte avec lui le calme qu'il représente. Chaque inspiration réveille le corps et rappelle à quel point c'est beau de se sentir vivant. Il m'arrive souvent, le soir blotti dans ma couette, d'ouvrir ma fenêtre quelques instants et de laisser l'air froid tomber sur mon visage, gonfler mes poumons. Et viennent m'apaiser mille souvenirs de grand air, de vents marins, de nuits à la belle étoile, de feux de camps, de forêt, de bruits nocturnes.

Quant aux jours où le ciel est clair et que le soleil brille... La neige est simplement éblouissante. Le bleu sombre du ciel, le blanc des nuages et de tous ce que la neige a touché rappellent magnifiquement le drapeau finlandais. Le rouge des bâtiments du campus et le vert des épines des arbres forment avec eux une palette resplendissante. Même les banlieues quelconques et peu joyeuses - qui sont aussi tristes que les nôtres - prennent une allure glorieuse et fière sous la neige. Tout le gris des rues, les vieux bâtiments sales et les architectures sans beauté sont effacés par la neige. La pureté de ce blanc parfait rend beau le moindre coin de rue. Sous la neige, tout est égal, et égal au meilleur.

Je pourrais continuer des heures. Mentionnons seulement la mer, ou plutôt le fond de la baie qui entoure Otaniemi, et qui est gelée. La mer, d'ordinaire plate et n'autorisant pas l'aventure, est maintenant plate et solide. Au début simplement glace. Selon certain au moins un mètre de glace, largement assez robuste pour les marcheurs, patineurs, et mêmes les voitures. Depuis, elle aussi est couverte de neige, et s'est transformée en désert. Comme les grands plateaux que l'on ne voit que dans les documentaires, mais ici. Et traverser la mer à pied, je n'irai pas jusqu'à dire que c'est biblique, mais ça a très certainement quelque chose de mystique. À mi-chemin entre deux morceaux de rochers, le continent, une île, les distinctions perdent leur importance. Le lieu autrement réservé aux instables navires, étrangers à la mer et invités temporaires, est accessible aux commun des mortels, pédestres et gauches sur la neige épaisse et la glace glissante. À mi-chemin, le monde est plat, et dans la distance on entrevoit au dessus de terres déjà souvenirs fugaces et lointains, un coucher de soleil qui semble d'un autre monde.

Une bande de neige a été dégagée, conduisant d'un bord à l'autre, où patinent les autochtones dès que le temps est beau. C'est comme une route au milieu du désert, quasi rectiligne et qui conduit vers des terres inconnues à perte de vue. D'autres n'ont pas besoin de route, et skient ou surfent avec ou sans voile. On entend des enfants, aussi, et des chiens.

Ces jours-ci, la chaleur revient. La neige fond. Certains jour, elle tente de revenir, et le soleil qui la rend si belle l'en empêche. On redécouvre des paysages oubliés, les objets reprennent leurs places dans notre environnement. La neige fond. Parfois la nuit est fraîche et l'eau gèle à nouveau, retardant un peu son départ. Des centaines de mètres sont des patinoires, mais en pente. La neige fond. Les écureuils courent à nouveau, les oiseaux chantent. Il y a comme un parfum de printemps.

La neige est venue, et part. Elle va me manquer.